Texte écrit par : Christian Nekkebroeck
Brève histoire de l'ancienne brasserie.
Merci à Elisabeth (Betty) De Greef pour les photos et les faits
Collection Pierre Rolin
A l'âge de 14 ans, André De Greef (1877-1951) est apprenti fabricant de fûts de bière dans une brasserie bruxelloise. Une fois la technique du métier maîtrisée, il créa sa propre entreprise au Dries (Koningsplein) en 1904. Entreprenant et plein d’idées, il était persuadé qu’il ferait mieux de vendre ses fûts remplis de… bière. Vers 1917 il convertit son entreprise en une brasserie avec une malterie adjacente, ce qui lui permet de développer ses propres matières premières. L'eau pure provenait du Kwadebeek, où il installa une station de pompage qui amenait l'eau à la brasserie. La gueuze et la Faro (à partir de 1932) étaient les principales bières, mais entre-temps (1925), il y eut également une transition vers des bières plus légères, dont la Charlot qui avait pas mal de succès.
Collection Dominique Olivier
La flotte « transport », avant les années 1920 avec des chevaux et des charrettes, après les années 1920 avec des véhicules motorisés.
On utilisait ce camion pour les parades publicitaires ainsi que pour le carnaval.
Vue sur "den dries" et la brasserie depuis la rue du Tilleul.
Le 26 mai 1918, peu après l'ouverture de la Brasserie, André et sa famille visitent la ville de Halle en calèche.
Louis et son fils Alfons à côté de leur nouvelle Opel Kapitan, la passerelle est bien visible à l'arrière.
Au milieu des années 1950, la concurrence des grandes brasseries se fait clairement sentir. La gueuze au long processus d'affinage, qui nécessitait des investissements coûteux, n'était plus rentable et il fut décidé d'arrêter l'activité en 1967. La capacité de la malterie fut augmentée, pendant une dizaine d’années. Dix tonnes de malt quittaient l'entreprise chaque jour, également vers le Congo (alors Zaïre). A cette époque la brasserie fait pour la première fois appel à des travailleurs étrangers (Italiens et Marocains). Ils séjournaient dans des chambres au-dessus de la brasserie ainsi que dans les maisons ouvrières du Hof-ten-Hout.
André De Greef, fondateur et directeur (1877-1951)
La passerelle reliant la brasserie et malterie.
La salle où on brassait la bière avec entraînement mécanique à la vapeur.
Vue sur "den dries" et sur le garage depuis la rue Terheide.
Photo: Linda Louckx
André était assisté par un chimiste allemand pour la qualité et le goût de la bière. L'entreprise exportait vers l'étranger et également aux États-Unis. Rodea était une grande PME, avec en permanence une cinquantaine de salariés. En 1946, la brasserie fut reprise par ses quatre fils. Bien que n'étant pas l'aîné, Louis était considéré par André comme son successeur. Les trois autres frères (Jean, Alex, Evarist) étaient chacun responsables d'un département (brasserie, embouteillage, malterie, secrétariat).
Louis et sa femme Maria avec presque toute leur famille dans la salle à manger avec vue sur la Place Royale. Leur fils Jean-Paul, architecte de formation, était le plus connu. Il réalisait les décors du « Kinderuur » et a construit, entre autres, un orgue pour l'église de De Hoek ainsi que pour l'église de Buizingen. où il a donné un concert d'orgue à l'inauguration.
L'augmentation des prix de l'énergie due à la crise mondiale du pétrole a conduit à la fermeture définitive dans les années 1970. Il n'y avait pas de candidats successeurs au sein de la famille.
Foto: Marie-Rose Ballon
Stamatoula Koronaki, née à Réthymon-Crète (1923-1962), de loin la patronne la plus populaire du café de la Brasserie, et Mira, entourent le comptable de la brasserie. Mira (Teresa Mackowiak Kazimiera 1926-2023) est originaire de Sroda (Pologne) et a épousé Julien Calvaer de Rhode après la seconde guerre mondiale. Lors du soulèvement en Pologne en 1980 qui a entraîné la chute du communisme, Mira a organisé une « action polonaise » à Rhode. Mira a voyagé avec le camion contenant les marchandises collectées jusqu'à son village natal de Sroda. Il y a eu un appel de « soutien » sur nos radios locales. Ce fut une campagne réussie.