Les fermes Hof ten Gehuchte, Hof te Oprode et Sainte-Anne

Aperçu des contributions des familles van Keerberghen

Texte écrit par : Christian Nekkebroeck - traduction Pierre-Yves Bouvy

Brève histoire des fermes Hof ten Gehuchte, Hof te Oprode et Sainte-Anne

Sources:

  • De Becker Urbaan, Fernand Vanhemelryck (1982), Geschiedenis van Sint-Genesius-Rode naar Constant Theys, Gemeentebestuur van Sint-Genesius-Rode
  • Témoignage et photos de Jef van Keerberghen.

Madame van Keerberghen (on l'appelait comme ça) en train de faire du beurre dans la cave.

Photo : Jef van Keerberghen - colorisée artificiellement en 2021.

Les familles van Keerberghen comptent de nombreux agriculteurs actifs depuis longue date à Rhode. Hendrik a été le dernier locataire de Lansrode et au milieu des années 1800, Frans van Keerberghen, père de Sabina (fondatrice de l'institut OLV), a construit une ferme dont l'entrée principale donnait sur le chemin du Moulin. La rue du Hameau n'existait pas encore à l'époque. On y trouvait le moulin à graisse du frère Judo, situé dans l'aile orientale de la ferme. Celui-ci était entraîné par un cheval. Les Rhodiens faisaient moudre leurs graines de colza ainsi que des faînes pour les transformer en graisse destinée à l'éclairage (lampes à graisse).

QU'EST-CE QU'UNE LAMPE A GRAISSE

La lampe à graisse était généralement constituée d'un support en verre (ou en terre cuite) dans lequel on mettait du suif, une sorte de graisse molle venant du cochon au milieu de laquelle on plantait une mèche. Le suif était aussi mélangé avec de l'huile, des graines de colza ou des faînes moulues (dépendant de la région). 

On utilisait ces lampes dans les mines, les étables, comme lampe de chevet... Dans la commune voisine Alsemberg, il aurait même existé une lanterne à graisse. Après 1862, le pétrole a été introduit et les lampes à graisse ont été progressivement remplacées par des lampes à pétrole.

Le chemin de fer n’existait pas encore, il y avait un sentier « le Smoutmolenweg » qui reliait la ferme Smoutmolen (Gehucht) à la ferme Steenvoorde au Bierenberg (coin rue de l’Ecole/rue des Chevaux). Cette ferme, disparue entre-temps, appartenait bien plus tôt (1483) à Hugo van Doverijn, Ecuyer de Charles le Téméraire. A ce titre il était exempt d’impôts.

Le moulin à graisse, qui est devenu Hof ten Gehuchte après la construction de la rue du Hameau, était une ferme en briques à cour pavée. Elle a entre-temps été classée, rénovée et transformée en habitations.

Hof ten Gehuchte en 1978 - source  : beeldbank.onroerenderfgoed.be

Photo colorisée artificiellement en 2021

Entrée de Hof ten Gehuchte avec une très vieille charrette. Les freins étaient constitués de blocs de bois qui furent remplacés plus tard par du métal sur les charrettes plus récentes.

Photo : Christian Nekkebroeck - 1974

Les pâturages de Hof ten Gehuchte jouxtaient ceux de Hof ten Berg. Le sol rocailleux pauvre en sable de Hof ten Berg ne le rendait pas très favorable à l'agriculture. Lorsque le chemin de fer a été construit vers 1870-75, les terres ont été scindées en deux parties. Quelques décennies plus tard, un terme a été mis aux activités agricoles et la ferme a été réaffectée en petites habitations. Sur le côté, on peut encore reconnaître le pignon aiguisé de la ferme d'origine.   

Hof ten Berg - Source : Delcampe.net

La ferme Saint-Anne au début des années 1900

Source : collection Pierre Rolin - Photo colorisée artificiellement en 2021 

(Jean-)Louis van Keerberghen était le dernier locataire de Hof te Oprode qui était située sur la chaussée de la grande Espinette (anciennement appelée "Chemin du Culot"), avec une façade de 70 m longeant la chaussée.  La ferme était la propriété de la famille Aerts, brasseurs connus à Sint-Joost-ten-Node. Il s'agissait d'un complexe rectangulaire avec le manège à l'arrière. Ce que l'on nommait à l'époque "Manège" n'était pas un espace dans lequel on faisait du cheval, mais un moulin à cheval : une pierre mue par un cheval qui tourne en rond afin d'extraire par exemple de l'eau d'un puits ou pour d'autres applications.

Louis avec sa descendance devant l'entrée de la ferme

Photo : Jef van Keerberghen

La ferme Sainte-Anne a été construite en 1849 par Peter van Keerberghen, dont la fille s'est mariée avec De Dobbeleer. La ferme est encore en activité, exploitée par la descendance.

Vue sur les prés avant le lotissement avec à l'arrière, les maisons de l'avenue du Merle (la photo a été prise depuis une chambre à coucher à l'étage de la ferme Hof te Oprode). A l'emplacement de l'arbre, se trouvait de l'artillerie lourde durant la seconde guerre mondiale.

Photo : Jef van Keerberghen

Hof te Oprode a été détruite en 1966 pour laisser la place à un grand lotissement derrière l'église de De Hoek. Après la démolition, les champs situés à l'arrière ont encore été utilisés pendant un certain temps pour le concours annuel de cyclocross.

Jozef (Jef), menuisier retraité à la rue de l'Ecole et fils de Louis a réalisé une magnifique maquette de Hof te Oprode. Jef regrette qu'aucune attention n'ait été accordée par les historiens au puits ainsi qu'aux fondations sur lesquelles Hof te Oprode a été construite et qui datent du 13ème siècle. Les voûtes souterraines étaient en pierre de sable.

Jef racontait aussi que la ferme et l'église ont été endommagées pendant la deuxième guerre mondiale, lorsque l'artillerie belge faisait exploser une partie du pont du chemin de fer. Un lourd pavé a volé à travers le toit jusque dans l'église...

Jef à côté de sa maquette

Le bâtiment avec la grande porte (à droite) a maintenant fait place à l'entrée du quartier (avenue des Mésanges).

Les familles van Keerberghen étaient populaires à Rhode. Parmi les membres de cette famille, on compte un bourgmestre, des mandataires politiques, un doyen, des prêtres, des missionnaires et Sabina, fondatrice de l'institut OLV.